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Cinématurnome s'intéresse au cinéma plus ou moins oublié (qui a donc 20 ans ou plus). On aime pas attribuer des notes ici alors pour faire joli il y a des lunes qui indiquent un facteur relatif d'obscurité, comme ça, pour rien.

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jeudi 21 mars 2013

Космический рейс





Un film de Vassili Zhuravlev
Union Soviétique, 1936
V.F.: Le voyage cosmique





Le Voyage dans la lune, 30 ans plus tard. C'est à peu près ça. L'art cinématographique a autant changé que la compréhension du voyage dans l'espace, mais Le voyage cosmique cherche autant à émerveiller le spectateur en anticipant le voyage vers la lune et ses nombreuses péripéties. Il s'agit d'un film axé pour la jeunesse (et réalisé dans le but précis de "éduquer la jeunesse", avec une assistance scientifique tentant d'offrir un voyage vers la lune le plus réaliste possible avec les connaissances de l'époque), avec un scénario simple, des jeunes qui se battent pour la cause scientifique, des sourires et un chat mignon, ça a presque des airs d'un vieux Disney. Et typique de l'Union Soviétique, les femmes jouent un rôle important. Le trio qui fera l'alunissage dans ce film est un enfant, une femme et un vieillard. Pas exactement ce qu'on nous a offert en juillet 1969.

Ce qui frappe d'abord est qu'il s'agit d'un film muet. En 1936, ce n'est pas très typique. Le muet a disparu plus ou moins en 1929, mais il a perduré en Asie jusqu'au milieu des années 30. En Union Soviétique, une poignée de films muets sont réalisés pendant les années 30, entre autre Le Bonheur de Medvedkine. J'ai cherché comme j'ai pu, Le Voyage cosmique semble être le dernier muet réalisé dans son pays. Avec Les Temps modernes de Chaplin, l'année 1936 donne vraiment l'effet du dernier souffle de cet art. Comme pour la plupart des derniers muets, le film était projeté avec une bande-son sur la pellicule plutôt qu'avec la présence de musiciens dans la salle. Le spectateur d'aujourd'hui est donc traité avec le même accompagnement qu'à l'époque, un mélange pas particulièrement original ou cohérent avec l'image de Bethoveen, Liszt et l'entièreté de l'ouverture des Hébrides ou la grotte de Fingal par Mendelssohn.

L'effet de ces choix musicaux, et le scénario visant les enfants donne un effet de film de série B. Le visuel et les effets spéciaux du film, le principal intérêt, eux renvoient un message plus ambigu. Les effets d'apesanteur et certaines miniatures sont pauvres, mais on ne peut en dire autant des décors et costumes, de l'imagination et des designs tirés des magazines de science-fiction de l'époque. D'autant plus que certains plans de caméra sont très beaux, l'un des plus mémorables et d'un effet saisissant étant l'énorme et lent travelling de caméra sortant d'une grotte lunaire pour y découvrir un paysage dominé par la présence de la terre dans le ciel.




Le film se déroule en 1946. On est toujours épaté par ces oeuvres qui présente un futur proche beaucoup trop avancé sur ce qui se révélera être la réalité. Ici il s'agit peut-être d'un effet d'enthousiasme pour l'avenir du pays : l'héroïsme du vieillard bolchevique, glorification de la manière soviétique, on plante un drapeau de l'URSS, on fait même un enseigne lumineux "CCCP" sur la lune!

Cependant, à sa sortie, le film sera mal jugé par les autorités, comme étant "insuffisant", et va rapidement disparaître. Les critiques n'aimaient pas le film non plus : le scénario n'est pas clair (pourquoi vont-ils sur la lune? Enfin bon, faut-il une raison pour y aller), les personnages n'ont aucune profondeur psychologique, il n'y a pour ainsi dire rien pour accrocher le spectateur, ce n'est que de la surface : péripétie, aventure. Enfin, c'était le début du stalinisme, personne n'allait contredire l'autorité. Les critiques avaient raison, mais ces péripéties, ces aventures et ce visuel sont bien amusants. Pas du tout un grand film, mais une grande curiosité.








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