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Cinématurnome s'intéresse au cinéma plus ou moins oublié (qui a donc 20 ans ou plus). On aime pas attribuer des notes ici alors pour faire joli il y a des lunes qui indiquent un facteur relatif d'obscurité, comme ça, pour rien.

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samedi 16 février 2013

Кайрат




Un film de Darezhan Omirbaev
Kazakhstan, 1992
V.F.: Kaïrat





Le premier long métrage de Darezhan Omirbaev s'inscrit dans le courant de la nouvelle vague kazakh, que l'on pourrait dater entre 1986 et 1992. Courant est un bien grand mot, le terme est apparu au festival du cinéma de Moscou en 1989, peut-être pour attirer l'attention. Rachid Nougmanov, qui a entre autre réalisé le film le plus connu à être qualifié de ce terme (Igla, 1988, avec Victor Tsoi du groupe rock Kino, dont vous avez entendu au moins un titre dans Grand Theft Auto IV si vous être un pauvre gamer comme moi), a déclaré que le cinéma de cette nouvelle vague n'était pas unifié politiquement ou artistiquement, mais simplement par une liberté et un amour de l'art. On comprend donc que le Kazakhstan a su profiter de la perestroïka pour créer un cinéma national de qualité.

Kaïrat est le nom du jeune protagoniste du film. Celui-ci quitte sa campagne vers la grande ville dans le but de poursuivre ses études. Le film est raconté dans ce qui ressemble à une série de vignettes : il cherche à plaire à une fille, se querelle avec un voisin au dortoir... Le tout afin de nous faire vivre l'état d'esprit de l'adolescence : confusion, ennui, cette impression de maladresse et de ne pas savoir comment appréhender les choses, ne pas être sûr d'être réellement là, si il s'agit d'un rêve ou de la réalité... Malgré des allures de documentaires, l'on est entièrement dans la tête du personnage. Et le réalisateur cerne particulièrement bien cet état d'esprit en créant un film qui est à la fois lent et rapide. Il y a de grands vides, mais on peut soudainement avoir l'impression de rater des choses qui se sont déroulées trop rapidement. C'est étrange mais efficace.





Le montage en vignettes et cette immersion dans la tête d'un adolescent ne signifie pas que c'est un film décousu, le tout étant très simple et clair à la fin (pas qu'il y ait de résolution hollywoodienne cependant, on est loin du Bildungsroman). Les rares dialogues et la cinématographie austère en noir et blanc en format 4:3 contribuent de manière significative au sens du film, à cette impression de détachement.
L'urbanisme soviétique est aussi utilisé à l'avantage du film : beaucoup de vide, de grands espaces, qui distance tout. Et beaucoup de cadres dans le cadre : fenêtres, télévision, cinéma, jeux vidéos (on a droit à une petite visite d'une salle d'arcade authentiquement soviétique, et vide, évidemment).

C'est un film unique, très court - un peu plus d'une heure! pas mal pour y revenir une deuxième fois et mieux y décoder ses nombreux symboles - qui semble plonger dans le passé et s'inspirer de Robert Bresson, être de son temps en rappelant le cinéma indépendant de l'époque et voir de l'avant en étant un peu un Tsai-Ming Lang avant la lettre.




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