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Cinématurnome s'intéresse au cinéma plus ou moins oublié (qui a donc 20 ans ou plus). On aime pas attribuer des notes ici alors pour faire joli il y a des lunes qui indiquent un facteur relatif d'obscurité, comme ça, pour rien.

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vendredi 7 décembre 2012

PANORAMIC VIEW OF THE
MORECAMBE SEA FRONT



Un film de Sagar Mitchell et James Kenyon
Royaume-Uni, 1901






Ouf. Un mois depuis le dernier film. L'autre blog m'a pas mal occupé pendant le mois de novembre, à un point tel où je n'ai pas vraiment regardé de films. Ce blog va reprendre vie, et juste pour amorcer les choses, voilà un film de... deux minutes, que j'ai découvert il y a un peu plus de deux ans et qui me revient souvent à l'esprit.

Le premier plan (première image ci-haut) est statique. Des gens nous fixent droit dans les yeux, des gens probablement tous impossibles à identifier aujourd'hui et dont il s'agit peut-être des seules traces. Ces films du cinéma des premiers temps ont cette qualité étrange de nous émouvoir juste par leur âge. Un univers disparu, soudainement de nouveau rejoué devant nous. Toute imperfection de la pellicule et ce noir et blanc nous en distance davantage.
Panoramic View of the Morecambe Sea Front est comme les autres films de cette époque, bien qu'il apparaît tardivement dans ce cycle. Des scènes de la vie quotidienne, filmée tout simplement car les gens aimaient aller assister à une projection pour se voir eux-même, reconnaître un environnement familier. La compagnie Mitchell & Kenyon produisait ces films à la tonne, parfois étant même filmés et projetés la journée même. L'occasion parfaite de se voir au grand écran. Quoi de plus vendeur, en 1901? Il n'y avait pas encore de longs-métrages, les films de fiction étaient très théâtraux et duraient rarement plus de 5 minutes, le langage cinématographique n'était pas encore développé.

Quelques secondes après avoir débuté, ce petit film britannique quasiment fait pour être jeté le lendemain se révèle comme le plus beau film de son genre, un aboutissement ultime d'une extraordinaire beauté.





Rapidement, la caméra commence à bouger, et le reste du film est un long travelling (déplacement de la caméra) d'une promenade au bord de la mer. Ce qu'il s'y passe ensuite est qu'une tonnes de détails fascinants s'accumulent, donnant une vie époustouflante à un film qui aurait pû être si ordinaire. L'homme qui joue avec son parapluie, les trois hommes qui traversent, dont un qui salue la caméra, les deux très jeunes soeurs qui se tiennent la main, l'unijambiste et sa canne, la plage remplie qui se révèle au loin peu à peu... une foule de personnages colorés défilent devant nous.

Cela est déjà magnifique et un cran au dessus des autres productions du genre, mais le plus percutant est cet élément unique qui transforme tout : les jump-cut.
La caméra avance à bon rythme, elle croise un banc où sont assissent trois dames et leurs parasols. Soudainement, tout change. Les dames ont disparues. À la place, une petite foule de gens, complètement figés, fixent la caméra. La caméra continue d'avancer. D'autres gens d'il y a 110 ans de cela nous regarde droit dans l'âme. Puis, tout à coup, la vie reprend, le tout redevient naturel, avec ces passants qui s'occupent de leurs affaires. Et cela arrive ailleurs dans le film. Les gens occupés à vivre leur vie sont soudainement remplacés par des gens qui nous fixent. Comme si ils cherchaient à nous contacter. Le résultat est d'une poésie époustouflante.

Ajoutez à cela ces deux enfants qui courent en suivant la caméra jusqu'à la fin du film. Ils se retournent sans cesse vers nous dans leur course. Ils nous saluent d'un coup de chapeau au bout des bras, souriant à pleine dents à l'idée que nous sommes en train de les regarder, 110 ans plus tard. Ils nous transmettent leur bonheur.

C'est l'un des plus beaux films.




2 commentaires:

  1. C'est vraiment waou pan vlap moulou moulou. Quelle curiosité magique, ça fait bizarre à regarder.

    Par contre je trouve étrange d'avoir mis de la musique et un commentaire au film, j'ai d'ailleurs coupé cela très vite, est-ce que j'ai raté quelque chose d'intéressant ?

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    1. La version sur Youtube est tout simplement celle avec le commentaire DVD (les films de Mitchell & Kenyon sont dans un coffret nommé "Electric Edwardians"), j'avoue que c'est dérangeant pour apprécier le film en lui-même.

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