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Cinématurnome s'intéresse au cinéma plus ou moins oublié (qui a donc 20 ans ou plus). On aime pas attribuer des notes ici alors pour faire joli il y a des lunes qui indiquent un facteur relatif d'obscurité, comme ça, pour rien.

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dimanche 14 octobre 2012

삼포가는 길


Un film de Lee Man-Hee
Corée du sud, 1975
V.F. : La Route vers Sampo





Le cinéma sud-coréen a explosé il y a plus de dix ans. C'est devenu un cinéma très populaire, et des films variés comme Oldboy, The Host, Printemps été automne hiver...et printemps, ou My Sassy Girl ont fait le tour du monde. Mais curieusement, contrairement aux autres géants du cinéma en Asie, l'on ne sait presque rien de son histoire. C'est comme si la Corée du sud s'était mise soudainement à faire des films en 1999. Pourtant il y a un réel héritage cinématographique qui mérite d'être exploré et de gagner sa place dans les livres surtout sur écrans. Quelques très rares films commencent à gagner une véritable réputation, tel que le Hanyo de Kim Ki-Young réalisé en 1960, excellent thriller qui a connu un remake il y a quelques années. Mais en dehors de ça, bien peu de choses. On a quelques titres pour les années 50, 60, 80, 90... Petit à petit l'on aura peut-être un canon cinématographique de réputation mondiale.

Je n'ai pas mentionné les années 70. Le gouvernement très autoritaire de Park Chung-Hee contrôlait la production cinématographique du pays et de toute apparence il s'agit d'un grand désert peuplé de quelques films de propagande. Mais si c'était faux? C'est peut-être tout simplement une décennie obscure et inexplorée, et il y existe peut-être des exceptions.

La Route vers Sampo en est peut-être une. Oeuvre posthume du réalisateur Lee Man-Hee (Black Hair,1964), il y est question d'un trio de vagabonds qui se rencontrent et partent en road-trip à pied vers la ville d'origine d'un des trois. Sur la route, ils s'amusent, se querellent, cherchent à manger... Pour éviter de devoir faire un film de propagande, l'issue était de faire l'adaptation d'une oeuvre littéraire. Il s'agit ici d'un choix inspiré qui se prêtre à une expérience très visuelle.



Nos trois personnages sont un peu fêlés, marginaux, sans emploi et sans argent. Cela donne lieu à une comédie légère avec quelques scènes rigolotes, comme lorsque l'un d'eux s'incruste à des funérailles en jouant le cousin distant en larmes ...que pour se servir au buffet.

La véritable star du film est le paysage. Une campagne coréenne des années 70 recouverte de neige est une chose que l'on voit rarement en images, et c'est magnifique. L'hiver crée une ambiance minimaliste, permettant de jolies compositions d'image, surtout ne serait-ce que pour faire contraster les vêtements d'un rouge éclatant de la protagoniste. C'est un roadtrip en cinémascope à la Ford/Hawks. On a l'embarras du choix pour les beaux plans. Des plans sont parfois entièrement silencieux pour de longs moments (la restauration actuelle du film étant pauvre, complète avec quelques secondes tirées d'une copie sous-titrée et encore beaucoup de bris, il s'agit de silences assez bruyants), ajoutant une atmosphère propice au film.

Ces silences viennent peut-être du fait qu'il s'agit en quelque sorte d'un film incomplet, le réalisateur étant mort pendant le montage. Et c'est peut-être de la que viennent les défauts du film. Le montage est parfois chaotique, avec des jump cuts, et même à une occasion un plan complètement raté (et pourtant plutôt inutile) est resté là, voyez l'ombre de l'équipe technique au sol, c'est quand même assez incroyable, une tache noire foncée fluo dans un film tout en blanc, comment est-ce possible:
Et à cela s'ajoute le fait que le film fut complètement doublé en studio. C'est un doublage de piètre qualité. Alors que les acteurs sont assez satisfaisants à l'écran, le doublage donne l'impression d'un vaudeville, complet avec beaucoup trop de gémissements là où le silence aurait été préférable. Heureusement, une fois le film bien avancé, le drame s'installe et le doublage se normalise un peu. L'atmosphère change beaucoup vers la fin d'ailleurs, avec plusieurs scènes de nuits, quelques flashbacks et une finale douce-amère.

Freiné par des problèmes de production, il s'agit quand même d'un film de bonne facture avec plusieurs excellentes scènes et des paysages magnifiques. Peut-être pas à la hauteur des grands classiques (trop bavard!) mais une bonne surprise pour une époque de mauvaise réputation.





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