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Cinématurnome s'intéresse au cinéma plus ou moins oublié (qui a donc 20 ans ou plus). On aime pas attribuer des notes ici alors pour faire joli il y a des lunes qui indiquent un facteur relatif d'obscurité, comme ça, pour rien.

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jeudi 27 septembre 2012

TALPUK ALATT FÜTYÜL
A SZÉL



Un film de Szomjas György
Hongrie, 1976
V.F. : Le vent siffle sous leurs pieds
En Hongrie, le nom de famille précède le prénom.


Farkas Csapó Gyurka est le hors la loi le plus classe du cinéma western. Il fume une longue pipe:
 

Et il tient son fusil à l'horizontale, totalement gangsta:
 

Son chapeau cache ses yeux pendant presque la totalité du film, et il a un gros bouton sur le bord du nez. Il vient de s'échapper de prison, pour se venger de ceux qui l'ont trahi. Mais finalement il se joint à des paysans qui se sentent menacés d'expulsion par le gouvernement. De l'autre côté, un gendarme se fait donner l'ordre de chasser quiconque nuit aux plans du gouvernement, malgré sa sympathie pour les paysans...

Mais s'agit-il vraiment d'un western? Le film se déroule en Hongrie en 1837. Le genre western est venu à définir un genre cinématographique qui évoque certaines images, un certain univers, un certain type de personnages... assez que de se situer dans le vieux far-west américain n'est plus qu'un élément parmi d'autres.

Les caractéristiques western du film sont tirées du modèle italien (par exemple, vous connaissez sans doute les films de Sergio Leone avec Clint Eastwood). Le chaos et l’ambiguïté règnent, quelques personnes vivent selon un code personnel et bien sûr nos protagonistes parlent peu. Dans quelques scènes, les silences entre deux phrases sont exagérés quasiment au point de la parodie.





Mais ce qui retient le plus l'attention est ce mélange particulièrement unique entre ces caractéristiques du western cinématographique, du folklore hongrois et de ses paysages. La Hongrie est un pays qui n'a rien à voir avec le décor habituel du western américain ou italien (tourné dans le désert espagnol) : c'est un décor plat quasiment infini avec une herbe courte mais bien fournie, qui fait dominer une couleur jaune-verte assez inhabituelle. Le ciel ici n'offre quasiment jamais autre chose que des gris hivernaux. L'architecture des maisons et les costumes (à l'exception des deux protagonistes) sont typiquement hongrois. Puis il y a la musique hongroise également (enfin, mes connaissances sont bien pauvres sur le sujet, ça s'arrête à un album du groupe Muzsikás, dont la pochette évoque le même genre d'images que le film, en tout cas la musique se ressemble). Cet alliage western/hongrie est la plus grande réussite du film et son attrait principal.

Le film exagère peut-être le caractère silencieux des protagonistes de westerns italiens. Les deux personnages principaux du film sont très passifs dans leurs gestes, à vrai dire l'on s'attache peu à eux, et le rythme du film confond le spectateur à savoir qui mènera le film pour au moins 20 à 30 minutes. L'histoire prend également un certain temps à s'éclaircir, nous laissant abandonné dans son univers lent, silencieux et très lugubre. L'amateur du cachet plus artistique des westerns italiens y trouvera son compte, mais celui qui espère une ballade divertissante devra réévaluer ses attentes.

Deux choses à noter pour finir : 
- Quelques rares éléments sont des mystères pour moi. Lors d'une scène de retrouvailles entre Gyurka et une femme, celle-ci sort une clef énorme qu'elle attache à un ruban, ce avec quoi elle faire tourner la clef et siffler l'air. Gyurka attrape la clef et embrasse la femme. Est-ce un élément du folklore hongrois qui m'échappe?
- Les intérieurs du film sont incroyablement sombres. Étant donné que ce film est quasiment totalement oublié (une recherche sur le net ne m'a permis de trouver qu'une seule courte critique/analyse du film, en hongrois évidemment), il pourrait s'agir d'une mauvaise copie qui a mal vécu son passage au digital (chose certaine, cela a été fait il y a très longtemps). Certains indices laissent croire que cette noirceur était voulue, mais peut-être pas à se point, considérant quelques petites scènes où l'on ne voit tout simplement rien du tout. 




Y a t-il eu d'autres westerns hongrois? Le réalisateur a suivi ce film avec Rosszemberek (Les mauvaises gens, 1979) ... et cela semble être tout. Pas assez pour créer une tradition de Western goulash (par rapport au terme Western spaghetti pour les films italiens).





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